• 003. Télétravail : nouvelle étude et tour d'horizon

    Nous nous sommes tous posés la question un jour de savoir, comment cela se passerait-il si nous devions travailler "à la maison". Depuis des milliers d'années pourtant, nous en tant qu'espèce humaine, le faisions sans nous en inquiéter. Pensons aux labeurs de la ferme, aux artisans, au jardin, aux travaux forestiers, ménagers, à la rénovation de l'habitat, à l'entretien des enfants, de la famille.... Mais depuis quelques décennies, un emploi urbain et sédentaire, surtout dans le tertiaire, jusqu'alors partagé en dehors du lieu de résidence, semble poser un cas de figure particulier à certains, à tel point que des études sont lancées ici et là pour appréhender ce "nouveau système"...  En voici une récente, sur le lien suivant: rts.ch (voir la nouvelle fenêtre). Partons explorer le sujet ensemble...

    Comment faisions-nous avant?

    Mes grands-parents auraient été quelque peu étonnés de la question. Imaginez: une petite ruelle où tout le monde se connaît, travaille en commun dans divers emplois, tous se redevant au final, qui un aliment, qui un objet, qui un meuble, qui un conseil ou qui un soin, échangeant monnaies et services collaboratifs. Se demandait-on si les gens étaient motivés au travail ou compétitifs? Jamais. Et c'est normal. Mais l'industrialisation a lancé une période instable d'émigration (et donc d'immigration), poussé à l'exode rural, développé les villes, augmenté la consommation, multiplié les bénéfices, la concentration du personnel, la concurrence, donc la recherche d'efficacité, dans tous les secteurs, sur un tarif horaire, baisser le coût de la main d'œuvre. Trop souvent au détriment de certaines logiques et développements humains.

    La modernité nous aurait-elle rendus meilleurs?

    Oui, j'ai vu de me yeux mon aïeul regardant le matin le ciel, afin de décider l'ordre de priorité des travaux urgents. Car tout était urgent, et peu de week-ends de repos. Mais il fallait d'abord se plier à la nature. Aujourd'hui, tout est urgent, mais plus de repère naturel pour fixer son objectif personnel. Un horaire stricte et un calendrier pour guide. Seul le rendement ultime, Saint Graal, à défaut d'en rechercher un autre plus transcendant et vertical, permettrait au citoyen électeur de définir son cadre de vie, son quotidien. Aujourd'hui, le matin, on emmène son enfant, à peine le déjeuner avalé, chez la personne en charge de sa garde. On rentre dans le trafic, obnubilé par l'heure d'arrivée. Surchargé d'informations orientées, car trop souvent sur les trains qui arrivent en retard, concentré déjà sur un autre objectif: zéro accident pour soi aujourd'hui. Ensuite, faisant d'office acte de présence, on essaie d'être performant pour valider des acquis (pour qui?), des visions (de qui?), des compétitions (avec qui ou contre qui?), en se passant de sa famille (sans qui?). Le "système" est ainsi fait. Et rien ne devrait le remettre en cause. Du moins c'est ce qu'on entend souvent. Car il aurait fait ses "preuves". Vraiment?

    Fin d'un système, début d'un autre, ou juste retour à l'équilibre?

    Un système, cela ne se met-il pas en place seulement si on le souhaite? Si celui-ci a des inconvénients, doit-on sen satisfaire? Nous devons tous répondre à des attentes légitimes. Il n'est pas question de remettre en cause le fait même de travailler. Cette énergie humaine primordiale est essentielle à notre condition. Elle est ancrée dans nos gênes. Même, nous aimons ça souvent. Cela nous fait du bien. Depuis la nuit des temps, les muscles des bras et du cerveau sont activés pour subvenir, protéger, acquérir (dans le but de mieux subvenir, mieux protéger: plus accumuler... Etc.). Nous avons construits des ponts et des tunnels pour aller plus vite, rasé des forêts pour manger plus et mieux, nous avons même eu le temps de bâtir des temples pour l'âme. Je ne connais pas un seul animal qui en ait fait autant. Mais aujourd'hui? Voit-on la fin de cette quête se dessiner?

    Des besoins ancestraux de moins en moins mis au centre.

    Qui a déjà choisi sa vocation, sait que son choix s'est construit sur deux points majeurs: les envies et les aptitudes. Pour la première, côtoyer des travailleurs nous aide à nous rendre compte de leur labeur et de leur univers. Cela nous aide à y voir clair et à cerner ce qui nous plairait de ce qui nous dérangerait. Impossible de voir toute l'étendue de la gamme des choix. On a tendance à se contenter par défaut. Etant donné que la société s'acharne pour nous en proposer le plus possible, pourquoi refuser? Car auparavant, le choix était simple. Il n'y en avait souvent pas! Il fallait donc prendre et être heureux avec. Et souvent, on était heureux avec! Pour le deuxième point, c'est encore le cas (d'ici du moins que nous soyons tous des surhommes, ou transhumains, à la Google style - je reviendrai sur un autre post sur cette échéance effrayante): nous sommes arrêtés par nos seules aptitudes. Imaginer devenir de multiples fois médaillé olympique en natation, mieux que le meilleur des meilleurs, devient de plus en plus illusoire. Encore faudrait-il avoir ses caractéristiques physiques hors du commun. Donc prenons ce qu'on nous donne. Une fois ce démarrage entamé, nous n'avons rien résolu de nos ancêtres. Nous restons les mêmes avec les mêmes attentes: subvenir, protéger, acquérir. Et c'est là vous allez voir où toute l'explication prend son sens!

    Dès règles nouvelles qui veulent rester anciennes.

    Nous vantons souvent dans notre société les valeurs travail, collègues, carrière, enthousiasme. Tels de nouveaux horizons incroyables sublimant nos quotidiens. Tels des pionniers de l'Himalaya. Et cela pour nous convaincre: de nos engager, de nous motiver, de nous dépasser. But de la manœuvre: rendement, rendement et encore rendement. En réalité, nous avons toujours au fond de nous notre attention portée sur les prochains souffles de vie: nos enfants. Que nous réveillons trop tôt et en urgence, puis amenons au petit matin pour ne les voir qu'une heure ou deux le soir, et parfois (pour certains), un peu le week-end encore, entre siestes, shoppings de la semaine et autres activités distanciées. Les jours passent, nos Hymalayas s'éloignent, prennent encore plus de hauteur par la concurrence des plus jeunes qui savonnent la planche, alors que notre sac se vide, nos chaussures s'usent et la tête se fatigue (avant le corps souvent). Et on nous demande encore plus de rendement, de rendement et de rendement.

    Travailler à distance, une utopie. Vraiment?

    Une possibilité de conserver son collaborateur motivé, en lui offrant un cadre de vie unique en préservant un peu la couche d'ozone s'est dessinée depuis... Et si c'était possible, voir même et si c'était efficace, prometteur de rendement? Souvent, l'aspect paternel du patron, surveillant ses protégés en prend un coup.

    Je me rappelle dans mes expériences avant mon début d'activité indépendante, les bons souvenirs de mes collègues, cette odeur du bureau, ce café le matin, ces rires sur le week-end acharné de certains, ces philosophies que l'on s'échangeaient, ces débats techniques et esthétiques durant les pauses de midi et de la journée. Je me souviens des travaux communs sur des maquettes, sur des concours, sur des projets. Je me souviens aussi des discussions tendues, des heures d'attentes sur un collaborateur (dans les bouchons), car seul lui était détenteur du savoir et que son téléphone de voiture était... inexistant! (si si les plus jeunes, c'était encore comme ça!).

    Mais je me souviens aussi de ces innombrables heures de solitude dans un bureau plein à craquer, à travailler de manière assidue, luttant contre la fatigue, cherchant de nouvelles manières de me concentrer encore, la nuit tombée déjà, et je me souviens du peu d'enthousiasme que mes travaux suscitaient parfois. Moi qui croyait monter l'Everest, je me trouvait en Hollande... Pourtant je voulais bien faire, comme tout le monde. J'aurai d'autres occasion de "remonter la pente". Retour solitaire au bercail. Au froid. Demain, gratter les vitres à nouveau.

    Et le soir, manger et dormir.

    Ma famille retrouvée, je pouvais enfin contempler de quelle manière j'avais réussi à subvenir, protéger, acquérir pour mon clan. Mais les impôts, les taxes et le reste s'étaient déjà bien servis. Démotivant!

    Depuis j'ai réfléchi, je sais aujourd'hui que je sens du café, je discute avec des collègues, j'analyse la société. Mais c'est le soir ou le week-end, ou après une bonne journée de travail, en ville, parce que j'en ai le temps. J'élargis ma discussions avec d'autres corps de métier, j'accumule des expériences qui alimenteront mon architecture. Surtout fini les bouchons, j'amène ma fille à pieds, et je suis à l'heure au travail. Mon téléphone (celui que mes collègues auraient voulu avoir pour m'appeler pour me donner du travail durant les bouchons), me donne la radio de mon choix, et j'écoute les nouvelles qui me font plaisir en regardant les chats traversant, sur le chemin de mon bureau: chez moi! Les trains arrivent à l'heure! Je vois constamment pourquoi je travaille. J'ai même une vue imprenable sur le Moléson, notre Everest à nous, depuis mon poste. Je suis content, motivé, et je travaille moins stressé puisque plus efficace. Ayant tendance, puisque mois aussi indépendant, à travailler trop, j'ai mis en place dès le début un système efficace de coupure du travail. Et je cherche constamment de nouveaux challenges pour dépasser des objectifs, et des rêves plus réalistes (je m'organise parfois pour une courte pause télé si j'en ai le temps, lorsqu'un grand champion, de préférence Suisse, et tennistique, engage la balle de match). 

    Enfin répondre positivement à tous, et soulager son esprit. Sans se mettre hors du jeu

    Je sais pour qui je tente au quotidien de valider mes acquis: pour conserver cette chance, pour faire profiter de ma présence mon foyer, que je peux facilement soulager des ses tâches quotidiennes ingrates. Hors des trafics routiers et divers stress. Je sais de qui sont les visions prioritaires, celles de mon commanditaire (qu'il soit patron ou client, peu importe en fait). Je ne suis en compétition avec personne, si ce n'est avec moi-même, respectant ma parole et mes objectifs, comme mes grand-parents qui aimaient que l'on parle en bien d'eux, qu'on les respectent et qu'on continue à leurs faire confiance. C'était la clef de leur survie! Et je ne me passe de ma famille que le minimum syndical!

    Reste que ce système ancestral, a fait ses preuves. Pour peu que l'on mette les garde-fous qui vont avec (mais d'ailleurs, on a tous  un jour connu un profiteur autour de soi dans son métier, c'est humain, même en travaillant tous les uns sur les autres sous haut contrôle), nous pouvons oui motiver à monter les montagnes, et polluer moins la planète. Peut-être même moins d'accident sur les routes, et plus de rendement, rendement, rendement, pour perpétuer la tradition: subvenir, protéger, acquérir.

    Vive le télétravail!

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